Au bonheur des dames ?

Le ménage comme un art

Le travail de Gaëlle Hardy et Agnès Lejeune reprend le titre d’un roman célèbre d’Émile Zola. Dans ce dernier, l’auteur s’attachait, entre autres, à décrire les mécanismes du capitalisme à travers l’essor de la grande distribution au détriment du petit commerce. Il y illustrait un monde où les femmes sont tout à la fois un enjeu commercial et un produit.

Les réalisatrices adjoignent, non sans une ironie subversive, un point d’interrogation à ce titre référentiel. Un caractère typographique qui résume, à lui seul, tout le propos de ce documentaire. Qui, s’il refuse l’usage des ficelles misérabilistes de trop de films dits « sociaux », pose d’emblée la question de la place des aides-ménager(e)s dans notre société.

Pour rendre compte du quotidien du métier, elles s’attachent à suivre la journée de travail de quelques salariées prises entre obligation familiale, prestation aux domiciles de client(e)s et relation avec les services administratifs des entreprises qui les emploient.
Le résultat s’avère un tableau impressionniste dont émane, derrière l’esthétique d’une photo maitrisée, toute l’ambiguïté d’un secteur important — le deuxième en volume d’emploi — dont les acteurs sont en recherche de reconnaissance.

En tant que professionnel, je dois admettre que toutes les questions sont abordées avec finesse, pudeur, mais — et ce n’est pas le moindre des mérites des documentaristes — fermeté. Je ne puis que conseiller sa vision tant au salarié qu’à la clientèle avide de mieux comprendre le quotidien de ces personnes qui se dévouent quasi chaque jour pour simplifier notre vie. Le public sort de la projection avec probablement des remises en question, mais aussi beaucoup d’humanité retrouvée.

Jean-Michel